Regarder, et voir le visible – et l’invisible… À travers trois médiums totalement différents, les artistes réunis dans cette exposition nous offrent trois variations sur l’apparence. Ostentation chez Amani Bodo, fantômes ou mirage chez Gosette Lubondo, énigmes derrière les visages d’Eli Made.

L’apparat et la mise en scène sont au coeur de la « sape », thème cher à Amani Bodo qui est passé maître dans l’art de représenter les sapeurs et leur don pour l’élégance et la fantaisie. De Messi le roi Léo, issu d’une série dans laquelle il met en scène des célébrités internationales à la façon des sapeurs congolais, au Sapeur bilengi ya nzoyi, Amani Bodo s’amuse du goût des hommes pour la parade.

De son côté, la photographe Gosette Lubondo joue à la fois avec l’apparence et l’apparition. À travers ses deux séries Imaginary Trip, elle nous invite à voir au-delà du sensible, utilisant la photographie pour convoquer la mémoire ou le rêve. Elle recrée l’apparence d’un monde en invitant à la fois son passé et les projections qu’il fait naître chez le spectateur. Des personnages à l’apparence réelle y côtoient des personnages à l’apparence fictive, traités en filigrane, appartenant à une époque indéfinie.

C’est aussi au-delà de la forme que nous invite à voir le tout jeune artiste Eli Made, qui explore le portrait comme expression des états psychologiques. Derrière l’apparence d’un sujet, c’est l’expérience humaine qu’il s’efforce de traduire. Avec sa technique rare à l’eau de javel sur toile, il réalise des portraits explorant la variété des émotions – souffrance, lutte intérieure, méditation, transformation mentale, résilience – dans une atmosphère de clair-obscur élégante et troublante.