Accompagner les artistes

La galerie présente exclusivement des artistes du Congo-Kinshasa. Cette spécialisation traduit à la fois un intérêt tout particulier pour ce pays, dont le dynamisme artistique est passionnant, et une exigence : accompagner efficacement les artistes suppose une relation étroite. Le directeur de la galerie, Pierre Daubert, se rend à Kinshasa trois fois par an.

Etre artiste dans un pays comme le Congo, qui peine à se relever d’une longue crise, est un défi de tous les jours. Et dans ce contexte, être galeriste, c’est dépasser de beaucoup les fonctions de représentation classiques. Il faut apporter aux artistes des appuis de toute sorte, suivant la situation de chacun, à commencer par la sécurité d’un lien sur la durée. C’est ce que fait Angalia, parmi d’autres acteurs.

Un partenariat en RDC avec Texaf-Bilembo

La présence d’Angalia à Kinshasa est consolidée depuis 2014 par un partenariat avec l’espace culturel privé Texaf-Bilembo (texaf-bilembo.com), animé par Chantal Tombu et Christine Decelle. Angalia y présente régulièrement le travail des artistes de la galerie au travers d’expositions individuelles avec catalogue, contribuant ainsi à la visibilité des artistes non seulement en Europe mais aussi dans leur pays. 

Trois tableaux de Chéri Chérin, dans l'exposition Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2015. © Chéri Chérin - Photo : © Luc Boegly

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Trois tableaux de Chéri Chérin, dans l'exposition Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2015. © Chéri Chérin - Photo : © Luc Boegly

L’art au Congo-Kinshasa

Le dynamisme et la richesse de la scène artistique de la République démocratique du Congo ne datent pas d’hier. De grands noms, Chéri Samba en tête, sont consacrés par les collections privées et publiques et par le marché de l’art. En témoignent la magnifique rétrospective de 80 ans d’art au Congo (Beauté Congo, Congo Kitoko 1926-2015) présentée par la Fondation Cartier en 2015, l’exposition Art/Afriques, le nouvel atelier à la Fondation Louis Vuitton en 2017, Kinshasa Chroniques à la Cité de l’architecture et du patrimoine en 2020, ou encore le succès de Système K, film de Renaud Barret formidablement habité par les artistes de Kinshasa.

Mais remontons rapidement aux origines. Les débuts de l’art moderne au Congo se situent dans les années 30, dans ce qui était alors le Congo belge. Soutenus par un mécène belge nommé Georges Thiry, Lubaki et Djilatendo se distinguent avec des œuvres sur papier d’une touchante simplicité.
En 1946 se développe à Lubumbashi, sous l’impulsion de Pierre Romain-Desfossés, l’
Atelier du Hangar. Les artistes emblématiques de cette école ont pour nom Pilipili, Bela ou Mwenze. A la différence de leurs aînés, ils connaîtront un certain succès international, jusqu’aux Etats-Unis où ils seront exposés.

L’Académie des Beaux-arts de Kinshasa est créée en 1943, d’abord sous la forme d’une école, avant de prendre son nom définitif en 1957. L’Académie couvre aujourd’hui à la fois les arts plastiques (céramique, métal battu, peinture et sculpture) et les arts graphiques (architecture d’intérieur et communication visuelle).

Durant la période postcoloniale, années complexes à plus d’un titre, l’art contemporain se trouve pris en étau entre des tentatives d’appropriation de codes occidentaux, eux-mêmes largement remis en question, et l’affirmation d’un art africain teinté de nationalisme, très peu inventif.

Un mouvement émerge cependant : la peinture populaire. Elle trouve sa première consécration avec l’exposition Art partout, à Kinshasa, en 1978. Chéri Samba la définit ainsi : « C’est un art qui vient du peuple et qui s’adresse au peuple ». Les artistes clés de ce mouvement que sont, outre Chéri Samba, Moke, Chéri Chérin, Pierre Bodo ou JP Mika, se sont tous formés à l’école des commandes d’enseignes publicitaires, dans la mesure où ils ont peint, pour gagner leur vie, sur les devantures des magasins, dans les bars, les salons de coiffure, etc.

Passé sur la toile, cet art qui emprunte à la bande dessinée certaines de ses caractéristiques formelles se développera comme une chronique de la rue, des mœurs amoureuses, sociales, et finalement de tout ce qui se passe dans la cité. Il ira parfois au-delà puisque la politique internationale y sera caricaturée à son tour.

Dans les années 1980, ce sont des maquettistes, de manière inattendue, qui vont faire preuve de la plus grande créativité, avec des artistes comme Bodys Isek Kingelez, architecte-maquettiste créateur visionnaire de cités modernes, et Rigobert Nimi, aujourd’hui internationalement reconnus. 

En dépit de son caractère chaotique et de la profonde crise qui l’a suivie, la libéralisation des années 1990 ouvrira la voie à toutes sortes d’expériences artistiques. Certaines se sont voulues anti-académiques (Francis Mampuya), d’autres au contraire se sont nourries d’un double enseignement, au Congo et à l’international (dont l’Ecole supérieure des Beaux-arts de Strasbourg). Peu à peu une véritable diversité s’est installée. 

Avec ses fameuses douilles, Freddy Tsimba a révolutionné la sculpture congolaise ; les techniques mixtes se sont imposées (Aimé Mpane, Kura Shomali, Steve Bandoma ou Vitshois Mwilambwe) ; la photographie jusqu’ici plus discrète en dehors de Jean Depara, s’affirme avec Sammy Baloji, plébiscité pour son travail sur la mémoire et l’histoire de la RDC, Kiripi Katembo, qui s’intéresse aux mutations urbaines,  et plus récemment Gosette Lubondo, qui explore la mémoire des lieux abandonnés ; et le dessin s’épanouit aussi sous l’impulsion de nombreux bédéistes de talent, mais aussi d’artistes tels que Tsham, Houston Maludi ou Mega Mingiedi. La peinture conserve une place très importante, en bonne partie grâce au succès international de Chéri Samba mais aussi de JP Mika ou Eddy Kamuanga, et à la construction de la collection Pigozzi, qui aura permis pendant près de quinze ans de conforter les artistes majeurs, tant économiquement qu’artistiquement.

Aujourd’hui, cette communauté d’artistes bigarrée est fortement représentée dans les lieux où s’expose l’art du continent africain, faisant du Congo un pays phare de l’art africain contemporain.