Les jeunes artistes fils ou filles d’artistes reconnus font face à un dilemme, parfois inconscient : s’inscrire dans la filiation artistique ou bien s’en démarquer afin de mieux exister en tant qu’auteur à part entière. Beaucoup éprouvent à un moment ou à un autre cette tension entre continuité et rupture. L’exposition présente quatre familles d’artistes du Congo-Kinshasa.

Moke fils (1968), qui comme son nom l’indique est le fils du célèbre Moke (1950-2001), a choisi l’héritage plein et entier. N’étant pas passé par une école d’art, il s’est formé uniquement dans l’atelier familial et il peint comme son père. L’exposition présente deux de ses tableaux – dont Moke fils peint Moke père – qui encadrent une œuvre ancienne du père.

Raymond Tsham (1963), célèbre dessinateur au stylo à bille, compte deux enfants se destinant à la carrière artistique, dont Hilaire, 18 ans. Tout en exploitant la technique de son père, ainsi que son univers artistique fait de la confrontation entre les symboles de l’art africain ancestral et les icones mondiales de l’art contemporain, le jeune homme développe un style fortement inspiré de l’univers des mangas.

La fratrie Bodo révèle un contraste de trajectoires entre deux fils : l’ainé, Bodo fils (1974), reprend sans détour le surréalisme éclatant de son père, Pierre Bodo (1953-2015), tandis que le cadet Amani Bodo (1988) inscrit son travail dans une démarche plus narrative, attentive notamment à la place de l’Afrique et du Congo dans le monde. Son tableau Héritage Bodo le représente devant l’une des créatures qui peuplaient les tableaux de son père.

Un cas très différent enfin avec une famille de photographes : Gaston Diakota (1950) a fait une carrière de photographe de studio et de terrain, tandis que sa fille Gosette Lubondo (1993) est une artiste qui utilise la photographie. Avec ses séries emblématiques Imaginary Trip, elle a choisi de rendre compte du passé, de témoigner pour les aïeux et de fixer la trace de leur passage, explorant en cela la notion d’héritage.